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Garder le problème de l’utilisateur comme source de motivation première

By: GENILEM | novembre 7, 2019 | 3 min de lecture

«Des idées qui sortent et qui meurent, il y en a beaucoup». Pour Serge Piguet, coach chez GENILEM, il y a une solution pour réduire ce quota d’échec au démarrage : s’attarder sur l’utilisateur que l’on cible et le problème qu’il subit.

Cette approche est au cœur de la méthodologie du design-thinking que Serge Piguet a découvert il y a quelques années. Il s’y est formé et y adhère au point d’en avoir adopté l’état d’esprit au quotidien, que ce soit en tant qu’entrepreneur, en tant que coach-formateur à l’entrepreneuriat ou même en tant que parent !

Explications dans cet interview, qui s’inscrit dans notre série de portraits consacrés à nos coachs en développement d’entreprise.

Quel est ce piège dans lequel tombent nombre d’entrepreneurs ?

Serge Piguet : Lorsque je rencontre des entrepreneurs via mon rôle de coach chez GENILEM, la majeure partie d’entre eux me présentent avec passion leur idée, autrement dit, leur solution à un problème donné. Celle-ci est naturellement source de grande satisfaction, son initiateur ou initiatrice ayant mis toute son énergie et sa personne à la développer. Et j’adore être témoin de cette énergie !

Seulement le danger, c’est de tomber amoureux de sa première idée, de refermer son champ et de ne s’intéresser plus qu’à elle. Lorsque je les questionne sur le problème – la première source de motivation de leur projet – celui-ci semble être passé au second plan, comme écrasé par l’énergie de la solution. Bien souvent, j’observe que l’entrepreneur n’y a pas passé assez de temps. Cela finit par créer un biais; le risque de s’éloigner du problème, et donc d’échouer, augmente.

Le design-thinking est pour moi une excellente méthodologie à adopter, car elle met l’analyse du problème à sa juste place, tout au long du processus de création.

Comment suggères-tu à tes entrepreneurs de procéder ?

Pour reprendre le jeune philosophe Ollivier Pourriol, le problème est quelque chose de magique, une main tendue. Pour y répondre au mieux, il faut impérativement lui consacrer du temps. Mais aussi apprendre à maîtriser le transfert d’énergie qui s’opère lors du passage du problème à l’idée.

Si l’entrepreneur doit traiter le problème comme le point de départ de son projet, il doit aussi le traiter comme sa colonne vertébrale pendant le processus d’observation. En effet, pour ne pas instaurer de biais en cours de projet, cela nécessite de faire preuve d’empathie et à la fois de garder la distance nécessaire pour ne pas tourner le projet vers soi.

C’est pourquoi j’encourage les entrepreneurs à retourner régulièrement sur le terrain, à vérifier leur idée et ses développements auprès de l’utilisateur. C’est la meilleure recette pour s’assurer que notre solution apporte une réelle valeur.

Un exemple pour démontrer l’efficacité de cette approche ?

J’aime bien raconter l’exemple de cette ONG en Afrique qui voulait installer des puits et un système de forage pour répondre au besoin en eau d’un village. Elle constata que d’autres ONG avait poursuivi le même objectif et que leurs installations ne fonctionnaient plus. En passant du temps sur le problème, elle comprit que culturellement, se déplacer pour aller chercher l’eau est une façon de rester en relation avec les habitants des autres villages. Dès lors ce besoin de maintenir le contact a été pris en compte. Au lieu de dépenser de l’argent dans la création de puits, l’ONG se concentra sur le récipient permettant de transporter l’eau, et travailla sur une solution pour le rendre plus léger.

Ici, en Europe, je dirais qu’on a moins besoin de répondre à des problématiques vitales. Du coup, quand on crée un produit, on a tendance à fausser les éléments et à se persuader qu’il est bon. Mais est-il juste ? On se maintient bien souvent dans une sorte d’erreur…

Quels conseils donnerais-tu aux porteurs de projet ?

Méfiez-vous de vous-même ! (rire). Vous avez une très belle énergie… Apprenez à la canaliser sur l’apport de valeur pour votre utilisateur, et non sur vous-même, sur le profit financier que vous comptez faire ou la bonne presse que vous fera votre solution.

Faire appel à un coach, avec son objectivité et son regard acéré, est une bonne ressource complémentaire pour cultiver une forme de conscience et d’éveil, et revenir toujours à votre utilisateur.