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Capitaliser sur le personal branding pour faire rayonner son entreprise

By: GENILEM | juin 2, 2022 | 6 min de lecture

« L’enjeu du personal branding c’est de se faire connaître ET reconnaître ». Pour Gabrielle Loeb, coach chez GENILEM, travailler la marque personnelle de l’entrepreneur·euse est une composante essentielle du succès de tout projet entrepreneurial.

Cette approche, qui s’inspire des principes du marketing, vise à apporter notoriété et crédibilité aux porteuses et porteurs de projet, créant par extension un avantage concurrentiel pour leur entreprise. S’appuyant sur sa propre expérience, Gabrielle Loeb intègre le personal branding à ses initiatives entrepreneuriales et à son activité de coach, encourageant les jeunes pousses accompagnées par GENILEM à mettre en œuvre cette stratégie dès le démarrage.

Explications et conseils pratiques dans cette interview, qui s’inscrit dans notre série de portraits consacrés à nos coachs en développement d’entreprise.

Quelle est la place du branding dans l’entrepreneuriat ?  

Gabrielle Loeb :  Le branding, soit le fait de construire et développer sa marque, consiste à identifier sa singularité pour développer son propre univers – avec son identité, sa personnalité, sa marque de fabrique, sa signature, sa tonalité… et un positionnement unique ! Autant de composantes qui rendent la marque distinctive, aisément identifiable et différenciable de la concurrence.

Le rôle critique que revêt le branding a pris tout son sens pour moi lors de mes années chez Ubisoft, alors que je travaillais au sein du département marketing sur le lancement des jeux vidéo « Just Dance » et « Lapins Crétins » – devenus deux marques phares du groupe. Cette expérience m’a accompagnée lorsque j’ai lancé Digital Dynamo, ma structure de conseil en marketing digital. Bien sûr, il a fallu trouver un nom, imaginer une identité graphique, créer un logo… mais avant tout, il s’agissait d’identifier la raison d’être de mon entreprise : le fameux whypopularisé par Simon Sinek. Pourquoi lancer Digital Dynamo ? Avant même de réfléchir aux services proposés, quel est le sens de mon activité ?

C’est en me penchant sur ces questions pour mes clients et moi-même que j’ai pris conscience de mon rôle de fondatrice et de l’importance du personal branding, soit le fait de développer son image à titre individuel. En tant qu’entrepreneuse, je suis celle qui nourrit mon projet de ma vision et de mes convictions, mais aussi de ma personnalité et de mon parcours. J’en suis aussi la vitrine et le premier porte-parole.

Ainsi, j’ai vite compris que je devais établir mon image de marque personnelle : non seulement être une spécialiste de mon domaine, mais aussi veiller à être perçue comme telle. Il ne suffit en effet pas uniquement de « savoir-faire » mais aussi de « faire savoir » – une dimension souvent négligée par les créatrices et créateurs d’entreprise.

Dans quelle mesure le personal branding est-il essentiel ? 

Gabrielle Loeb : Pour répondre à un besoin du marché, les entrepreneur·euses développent des technologies, mobilisent des compétences et des outils spécifiques dans l’exercice de leur activité. Ils sont ainsi généralement très pointus sur la dimension technique, le « savoir-faire ».  C’est évidemment nécessaire, mais cela n’est pas suffisant: vous aurez beau être le ou la meilleur·e techniquement, si vous n’êtes pas visible, il y a peu de chance que quelqu’un vienne vous dénicher.

C’est pourquoi, il est important de « faire savoir », c’est-à-dire de penser sa communication – tant au niveau de l’entreprise que de la personne. Ne sous-estimez pas cet aspect : dans un monde de plus en plus concurrentiel et complexe, il ne suffit plus de promouvoir ses produits ou services ; les consommateur·rices s’attachent plus facilement à des personnes – qui incarnent une vision et des valeurs – qu’à des entreprises qui, par essence, sont immatérielles.

Et c’est là tout l’intérêt du personal branding : la fondatrice ou le fondateur étant par définition le représentant de son activité, il en est un ambassadeur et donc un levier de communication qui l’humanise. Eléonore Arnaud en est un exemple : c’est elle, en tant que créatrice, qui incarne la vision animant la jeune pousse Rañute, le concept store dédié aux menstruations. Elle a non seulement une histoire à raconter – son aventure entrepreneuriale – mais aussi porte les valeurs d’écologie, de sororité et de respect qui lui sont chères et qui résonnent avec son audience et son marché. C’est sa personnalité et sa crédibilité qui renforcent la marque de son entreprise tout entière.

Le personal branding vise donc à rendre l’entrepreneur·euse visible et à la·le positionner comme un acteur de référence dans le secteur où il opère. Sa réputation rejaillira ainsi positivement sur l’entreprise. Il s’agit d’identifier son point de différenciation, créer une stratégie de contenus et utiliser les outils et les canaux de communication adéquats, pour valoriser sa marque personnelle, qui devient alors un atout concurrentiel et un facteur de la décision d’achat. C’est pourquoi, la création de marque et le personal branding est essentiel pour les petites entreprises. Autant un produit est copiable, autant une image de marque personnelle restera toujours unique!

Pour les jeunes entreprises, c’est en outre un moyen économique de croître, avant de faire appel à la publicité payante.  

Quelles sont les erreurs les plus courantes rencontrées chez les entrepreneur·euses que tu accompagnes ?

  • Se dire que sa technologie ou son innovation suffira à se faire connaître et à gagner des parts de marché.
  • Se lancer au hasard sans avoir songé à son message et surtout ce en quoi on est différent : son point de différenciation ou sa spécificité par rapport à la concurrence.
  • Se réfugier derrière un logo ou des visuels galvaudés (comme des banques d’images), par crainte de s’exposer. C’est le fait d’être spécifique – voire personnel – et pertinent pour sa cible qui apporte de la valeur à son audience.
  • Associer personal branding à « ego surdimensionné » et « surmédiatisation » ; on peut se positionner comme un·e expert·e sans avoir la grosse tête et sans montrer continuellement son visage (personal branding ≠ mode selfie !)
  • Ne pas connaître suffisamment les chiffres-clés, les enjeux et les actualités de son secteur ; soyez incollable et prêt·e à pitcher votre entreprise pour toute discussion impromptue, vous en êtes l’image!
  • Vouloir tout faire, tout·e seul·e. Il faut parfois accepter de s’entourer, de déléguer et de se faire conseiller!

Tout récemment, j’entendais une jeune porteuse de projet dans le design dire : « LinkedIn, c’est has been ». Et pourtant, il s’agit d’un canal primordial pour la construction de sa marque personnelle ; ce serait donc une erreur de le négliger, quel que soit son secteur d’activité !

Gabrielle Loeb

Des conseils pour communiquer son savoir-faire ? 

  • Identifier et communiquer clairement sa différence. En quoi êtes-vous différent·e de vos concurrents? Quelle est votre mission, votre raison d’être, votre fil rouge ? Il s’agit de déterminer votre ‘why’ – ce qui vous anime, ce qui vous fait lever chaque matin – et de le formuler simplement en quelques mots. Prenons l’exemple des créateurs de Proseed : « Transforming waste into nutritious food » ; ou encore de studio TEC : « Donner une alternative aux scénographies à usage unique ». Percutant, non ? En tant que coach chez GENILEM, je mets l’accent sur cette étape avec chaque porteuse et porteur de projet qui nous consulte, car c’est une base fondamentale pour la suite.
  • Penser à se faire connaître… Se faire connaître requiert de promouvoir votre identité et votre expertise. Prenez le temps d’établir une stratégie selon votre positionnement et votre marché, identifiez votre message et les canaux adéquats (LinkedIn, en Podcast, Twitch ou Tiktok, Twitter, Instagram, événements, networking, etc.), anticipez vos opportunités de prises de parole, et passez à l’action sans attendre ! Les porteuses et porteurs de projet que je coache en phase de lancement ont souvent tendance à penser qu’il y a peu d’éléments à mettre en avant. Au contraire : racontez votre histoire entrepreneuriale, partagez vos interrogations ou vos apprentissages en lien avec votre industrie de manière authentique, ou encore relayez des contenus externes relatifs à votre sujet. En bref : soyez visible !
  • …et se faire reconnaître. C’est faire en sorte que vous deveniez une référence : vous devez établir votre crédibilité, et être celle ou celui à qui l’on pense immanquablement dans un domaine spécifique. Travaillez donc la qualité et la fréquence de vos publications et interventions. Prenons l’exemple de Pauline Laigneau (fondatrice de Gemmyo, de GROWTH et du podcast « Le Gratin ») : pilier incontournable de l’entrepreneuriat en France, elle produit régulièrement sur cette thématique un nombre important de contenus riches et variés (publications, articles, photos, vidéos, podcasts) et intervient lors d’événements soigneusement sélectionnés – une stratégie gagnante lui assurant crédibilité, notoriété et communauté engagée autour de ses différents projets.
  • Ne pas confondre personal branding et homme ou femme sandwich ! L’objectif est de partager sa vision, son expertise, sa connaissance du marché… et non pas de promouvoir directement ses produits ou services. Arman Anatürk, fondateur de FoodHack (« Global Community for Food Innovators »), applique cette approche à sa stratégie personnelle de contenu sur LinkedIn et se positionne ainsi comme une source pertinente et authentique dans le domaine de l’innovation food. Comment ? En partageant un post hebdomadaire sur l’actualité de la foodtech, en relayant des articles qui l’interpellent ou encore en prenant le pouls de sa communauté sur des questions spécifiques. Et cela sans promouvoir directement FoodHack ! Rappelez-vous : activer sa marque personnelle est un levier de communication, et non une tactique commerciale.