Comment transformer une crise en opportunité ?
La pandémie l’a montré, tout comme la crise de 2008 ou la dévaluation du franc en 2015 : l’environnement économique peut se modifier brutalement. Comment rester agile en tant qu’entreprise ou organisation, dans un contexte qui change soudainement ?
Technis est régulièrement cité comme un grand gagnant de la pandémie. La start-up vaudoise, spécialisée dans les sols connectés, a réussi à transformer en quelques semaines son tapis connecté en système de comptage au sol de personnes, capable d’indiquer aux visiteurs s’ils peuvent ou non entrer dans un lieu. Une solution simple à mettre en place et précieuse pour tous les espaces ouverts au public (commerces, entreprises, administrations, salles de spectacles…) puisqu’en raison du COVID-19, les jauges d’accueil ont été drastiquement réduites. La start-up a réussi à lever 3,2 millions de francs.
Quelles sont les clés pour non seulement réagir, mais véritablement rebondir, c’est-à-dire transformer une crise en réelle opportunité d’affaires, s’ouvrir de nouvelles portes et parfois aller jusqu’à transformer son propre métier ?
Un management bienveillant
La première chose est d’être capable de mobiliser ses équipes. En effet, un changement d’environnement nécessite plus de temps pour analyser et comprendre ce qui se passe, prendre des mesures d’urgence… À l’activité habituelle s’ajoute un énorme surcroît de travail et bien souvent, du stress.
Pour qu’une équipe s’implique pleinement dans ce contexte devenu encore plus exigeant, il faut qu’elle se sente respectée et que des objectifs clairs soient définis. Autrement dit, dans l’entreprise doit régner un climat d’écoute et de confiance. Ce dernier ne se construit pas dans l’urgence, mais au fil des mois et des années, avec un management bienveillant.
Cela implique d’abord d’expliquer ce qu’on fait, où on va, pourquoi on abandonne un produit pour un autre, etc. Pour que des équipes se sentent impliquées, il faut leur apporter des éléments de compréhension sur les choix de l’entreprise, ce qui leur permet de s’approprier ces nouvelles orientations et mission pour, au final, se sentir utiles.
La seconde étape est de s’intéresser à chacune et chacun. Une personne donne le meilleur d’elle-même au travail si elle se sent respectée de la part de son entreprise, c’est-à-dire si on s’intéresse à ses besoins et ses qualités et pas uniquement aux tâches qu’elle effectue. Une ambiance de travail marquée par l’écoute et le respect sincère, facilite la flexibilité des équipes en cas de coup dur. Si la générosité et la reconnaissance constituent des bases de fonctionnement de l’entreprise, les employés sauront en faire preuve à leur tour.
De la transparence
Des échanges transparents et sincères sont aussi nécessaires avec les clients et les fournisseurs. Par exemple, être capable d’expliquer qu’une commande prendra du retard, car l’entreprise travaille de toute urgence sur une innovation décisive. Communiquer clairement en cas de crise n’est pas une faiblesse, c’est un signe d’ouverture et de clairvoyance, cela implique d’avoir déjà fait des choix et décidé d’une stratégie. Pour les parties prenantes, c’est donc une attitude rassurante.
Par ailleurs, clients et fournisseurs connaissent bien l’entreprise : entamer un dialogue avec eux permet aussi de faire surgir des solutions inattendues.
Rester à l’écoute du terrain
Pour identifier une opportunité pendant une crise, il faut tout aussi être capable d’écouter le terrain. Tout changement de contexte, de paradigme et tout choc économique modifie les fonctionnements classiques de l’économie et entraîne forcément de nouveaux besoins. Le premier défi est de le saisir, à vous de garder le contact avec le terrain, soit par des rencontres régulières avec des personnes de différents milieux, ou avec une lecture pointue des médias.
Reste ensuite à faire les bons liens avec votre activité. Lequel de ces nouveaux besoins pourrait être comblé par votre entreprise ? Si face à une idée émergente ou un nouveau besoin vous vous dites « on va réussir à faire cela », vous avez adopté la bonne attitude, celle de l’entreprise en passe de pivoter !
Connaître ses équipes
Combien de temps faut-il à votre laboratoire R&D pour prototyper un produit ? Quels sont les contacts vers qui se tournent vos ingénieurs lorsqu’il leur faut des pièces spécifiques ? Pour être capable de répondre à une demande nouvelle, il faut connaître avec finesse les capacités techniques et humaines de vos équipes. C’est ce qui vous permettra d’identifier rapidement que des ressources sont manquantes et doivent être recrutées, par exemple. Ici aussi, sans surprise, pour savoir de quoi vos collègues sont capables, il faut s’intéresser à eux bien au-delà de leur fonction. Si ce n’est pas encore le cas, vous serez surpris de découvrir combien nombre d’entre eux sont polyvalents, cachent des talents, des réseaux ou des capacités inexploitées !
Veiller à son hygiène administrative
Vous avez soudain besoin d’une équipe de 10 personnes pour mettre en œuvre rapidement votre nouvelle stratégie ? Ce n’est pas en pleine crise que vous apprendrez comment se déroule un processus de recrutement. Autrement dit, il faut veiller tout au long de l’année à conserver une bonne hygiène administrative : connaître les principaux dispositifs légaux qui vous concernent, être à jour dans vos démarches (paiements, factures, demandes diverses…, etc). Votre agilité sur d’autres plans découle directement de votre solidité sur le plan administratif. Si votre organisation tourne sans anicroche, elle pourra plus facilement négocier un virage rapide.
Pour rebondir et pouvoir retirer le positif d’une crise, il est donc capital d’avoir une base solide, une grande transparence et une connaissance fine de ce que les personnes de la société sont capables de faire. Vous y ajouter une grande finesse d’écoute du marché et vous avez les éléments nécessaires pour pouvoir pivoter en limitant les risques.