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Entrepreneuriat : domaines d’innovation et perspectives 2021

By: Cyril Déléaval | février 11, 2021 | 4 min de lecture

L’année 2020 restera gravée comme une année extraordinaire, en raison de la crise de la Covid-19. En effet, nos vies ont été entièrement bouleversées : arrêt brutal des activités économiques, télétravail et modification de nos relations interpersonnelles. Malgré tous ces bouleversements, l’entrepreneuriat suisse n’a jamais été aussi actif comme en témoignent les 400 entrepreneur·es des cantons de Vaud et Genève qui ont toqué à la porte de notre association. Panorama de cette année folle et des tendances 2021 qui en découlent. 

Innover aujourd’hui pour construire la société de demain 

Par définition, la nature humaine s’adapte en tant de crise. De nouvelles opportunités naissent souvent en des temps troublés, apportant ainsi des solutions aux défis traversés. Cette résilience est sans nul doute ce qui définit le mieux les entrepreneur·es que nous rencontrons chaque jour chez GENILEM depuis 1995 (année d’une crise en Suisse Romande, il est utile de le rappeler). 

En 2020, plus de 400 d’entre elles/eux ont sollicité notre association et notre expertise en création d’entreprise et innovation pour obtenir de l’aide et des retours sur leur projet entrepreneurial.  

La tendance est claire chez ces porteurs/euses de projet : entreprendre permet d’apporter des solutions innovantes et durables pour construire la société de demain. Certain·es vont même plus loin et décident d’inclure la durabilité au cœur même de leur modèle d’affaires.

Circuits courts et durabilité 

En effet, près de 20 % des projets, rencontrés chez GENILEM, sont portés, au-delà de la viabilité économique, par des concepts d’économie sociale et solidaire (ESS), l’indicateur monétaire ne suffisant plus à définir l’amélioration du monde. L’impact et l’innovation sociale et sociétale sont de plus en plus représentés par nos porteurs/euses de projet. 

Le projet La Corde à Linge, sélectionné dans le processus d’accompagnement de GENILEM en 2020, illustre parfaitement cette économie durable. Son modèle d’affaires : assurer une petite production locale à la demande et implanter des microsites de production dans chaque région favorisant une économie ultra-locale. 

Par ailleurs, nous notons une augmentation des projets qui réfléchissent en circuit courts, ainsi 15% des projets s’adressant à GENILEM proposent des solutions pour ces nouveaux modes de consommation. 

Nous avons par exemple rencontré un projet de crowdbutchering, Meaty. Le principe est simple, la vache ne sera tuée qu’une fois la majorité des parties de son corps préachetées par les consommateurs. Autre grande tendance : la mode durable. Le sujet devient mainstream. Avec son projet d’équipement et vêtements de trail conçus à partir de matériaux recyclés et fabriqués localement dans des ateliers d’insertion, la marque Revario (également sélectionnée par GENILEM en 2020), reflète les changements qui s’opèrent dans cette industrie planétaire.  

La vague « verte » ne s’arrête pas là puisque même la FinTech (8%) est concernée, touchée par des nouvelles règlementations qui vont arriver au 1er semestre 2021, notamment en matière de scoring ESG. Avec sa solution pour les conseillers financiers souhaitant proposer des investissements durables personnalisés à leurs clients, le projet Norsia, issu de l’incubateur genevois Pulse, souhaite faire de la finance durable la nouvelle norme. 

Michael Ingram, fondateur de la marque Revario, en plein exercice du pitch

Digitalisation : des plateformes de mises en relations aux technologies “no touch” 

Si le digital est quasi omniprésent dans les projets rencontrés cette année, quelques grandes tendances ressortent particulièrement. Ainsi 16% d’entre eux ont développé des plateformes facilitant les mises en relation. Le site et l’application de TouchingUp.ch met par exemple en contact les couturiers·ères de la région avec les client·es ayant besoin d’une retouche de vêtements.

Nous avons également rencontré des nouveaux services digitaux pensés pour les entreprises (12%), comme par exemple BilanSantéPME qui propose aux TPE/PME de remplir un questionnaire avant de proposer un diagnostic regroupant de nombreux indicateurs financiers mais également RH ou marketing. 

Les études académiques ne sont pas en restes puisque nous avons rencontré beaucoup d’étudiant·es qui, peu motivé·es par la mauvaise qualité des cours en lignes qu’ils/elles ont dû suivre, ont à cœur de proposer des nouvelles solutions d’apprentissage (7%). Et cette dernière catégorie de projets est encore plus représentée dans les concours de startups pour étudiants, comme « Libérez vos idées » de la Global Entrepreneurship Week 2020.

Il est aussi intéressant de noter que la digitalisation tend à s’étendre dans des domaines où elle était jusqu’à lors peu ou pas présente, portée par le développement de la technologie IoT. L’entreprise EEAT, accompagnée par GENILEM depuis décembre 2017, a par exemple développé une application qui permet aux restaurateurs de garantir la sécurité alimentaire dans leurs établissements. 

Enfin, il convient de mentionner les technologies « no touch » qui sont en train de disrupter les écrans et boutons tactiles dont nous avions l’habitude, pour surmonter la crise sanitaire. Si nous n’avons encore rencontré aucun projet de cette catégorie, la jeune entreprise CleanMotion – avec ses poignées de porte auto-nettoyantes – que nous soutenons depuis décembre 2018 fait partie de ces technologies qui ont été clairement accélérées par le nouveau coronavirus.   

Des nouvelles façons de consommer  

Finalement, près de 70% des projets présentés chez GENILEM concernaient des débouchés « b2c », visant les consommateurs finaux, comme s’il devenait essentiel de changer nos modes de consommation. Organy, un supermarché zéro déchet qui a réussi une campagne de crowdfunding avant d’ouvrir son premier magasin physique, en est un excellent exemple. 

Nous sommes convaincus chez GENILEM que l’année 2021 sera très riche en nouveaux projets, car qui mieux que les entrepreneur·es de notre région peuvent résoudre les problèmes auxquels nous sommes confronté ·es dans un monde en perpétuelle évolution ? 

Nous sommes fiers et heureux d’apporter notre modeste pierre à l’édifice, car, comme le disait Descartes, c’est « proprement ne valoir rien que de n’être utile à personne ». Et cette année de crise nous a rappelé à quel point nous avions, en tant qu’être humain, besoin de l’autre dans notre quête de sens en tant qu’individu comme en tant que société.