Portraits d'entrepreneurs

RogerHR, la plateforme RH qui écoute les équipes

By: GENILEM | janvier 24, 2023 | 5 min de lecture
RogerHR equipe

Née début 2021, RogerHR est un système de gestion de ressources humaines qui implique les collaboratrices et collaborateurs. Objectif ? Moderniser l’approche de management et développer une culture d’entreprise plus attractive. 

C’est l’histoire d’un duo qui partage une nouvelle vision des ressources humaines. Romain Beker et Elias Mirza, tous deux diplômés en informatique sont consultants dans la transformation digitale lorsqu’ils se rencontrent et collaborent. Tous deux font le même constat, partagé par un grand nombre de responsables RH et dirigeant·es d’entreprise : les besoins et envies des collaboratrices et collaborateurs évoluent, avec les modes de vie et la digitalisation, et les entreprises peinent parfois à y répondre.  

Diplômé en coaching et en hypnose, Romain, réfléchit le premier à un outil « qui améliore l’expérience employé, pour que les équipes fonctionnent mieux, et que chacun se sente valorisé et motivé. » Elias, qui a une expérience familiale dans la gestion de restaurants et un master en entrepreneuriat, identifie le besoin d’un « CRM pour s’occuper du collaborateur qui permette de prendre en un clin d’œil la température de la gestion des RH d’une entreprise. » C’est de cette problématique, « s’offrir de meilleurs rapports humains » que naît RogerHR.  

En septembre 2020, les deux entrepreneurs affinent le concept et se lancent à temps plein dans le projet. Dix ans d’expérience professionnelle ont apporté aux deux cofondateurs une expertise et un large réseau : ils démarchent rapidement un premier client, une société suisse active dans le domaine médical, qui valide le besoin et accepte de préacheter leur produit. Ce soutien précieux permet de financer le développement de l’outil. S’en suit une levée de fonds en avril 2021 menée avec succès auprès « des business-angels suisses avec qui nous avions travaillés par le passé » précisent-ils.

En décembre 2021, une première version de RogerHR fonctionne, et compte ses premiers clients. Début 2022, un CTO, Damien Bouclier, est recruté, et l’équipe emploie six personnes. Le modèle d’affaires étant celui d’un software-as-a-service (SAS), le choix des fondateurs est  « d’investir massivement dans le produit, puis d’en retirer un coût marginal intéressant ». C’est à l’été 2022 que démarre la commercialisation de l’outil en Suisse romande, où RogerHR compte aujourd’hui 40 clients, issus de tous les secteurs. 

RogerHR outil
La plateforme RogerHR fournit des outils de management qui permettent de répondre aux nouvelles attentes des collaborateurs : prises de pouls et mesures des KPI humains, transformation du processus d’évaluation, pilotage et alignement avec des objectifs collaboratifs, suivi des problématiques individuelles, gestion administrative RH optimisée… 

La startup continue à investir dans le développement de sa plateforme et dans son expansion en Suisse romande. Elle n’a pas encore décidé vers quel marché se tourner ensuite en priorité. « Ce sera la Suisse alémanique ou la France, mais tout dépendra de la traction observée. Nous allons effectuer des tests pour voir quel marché serait le plus porteur pour nous, en fonction de la durée du cycle de vente et de l’intérêt des entreprises rencontrées » détaille Elias Mirza, adepte de la méthode lean. Les entreprises ayant des valeurs fortes et qui veulent prendre soin de leur personnel ainsi que les secteurs du tertiaire comptant des métiers à haute valeur ajoutée (banques, startups technologiques, entreprises de consulting) sont particulièrement dans leur viseur : « il est très difficile de recruter sur ces métiers actuellement, nous observons donc un grand besoin de retenir les collaborateurs clés et de renforcer l’attractivité de la marque employeur », observe Romain Beker. Rencontre avec les deux cofondateurs de RogerHR. 

Beaucoup d’outils (ERP) existent déjà pour la gestion des ressources humaines, quelle est votre valeur ajoutée ? 

Romain Beker & Elias Mirza : Les outils existants sont pensés pour l’administratif et s’adressent à l’équipe RH. Or nous avons inversé le paradigme et conçu une plateforme pour les managers et leurs collaborateurs, ce qui change toute la logique. L’outil est non seulement plus intuitif, ergonomique, accessible sur smartphone, mais surtout il répond au besoin stratégique de garder les équipes satisfaites et impliquées. Notre vraie valeur stratégique est de moderniser l’approche du management. Aujourd’hui, encore plus après le Covid, les collaborateurs, en particulier les générations Z et les millennials, attendent un autre mode de fonctionnement. Les entreprises savent qu’il y a un souci mais ne savent souvent pas comment y répondre. 

Notre vraie valeur stratégique est de moderniser l’approche du management.

Quels sont les avantages mais aussi les risques quand on codéveloppe un outil avec un client comme vous l’avez fait ?

Les avantages sont multiples. D’abord, financièrement : ce client a préacheté le produit et donc financé le démarrage du développement. Ensuite, cela nous a permis de travailler directement sur des besoins concrets et réels. Nous étions sur place, chez le client, avec nos équipes pour comprendre les problématiques et améliorer la plateforme. Enfin, nous avons pu bénéficier de cette référence, ce qui est crucial dans le secteur RH.  

Le risque était de faire du sur-mesure. Nous avons évité ce piège en acquérant rapidement d’autres clients et parce que nous avions déjà dix ans d’expérience dans le domaine. Mais nous avons dû changer l’ordre de développement de certaines fonctionnalités pour honorer le contrat signé avec ce premier client. Nous ne regrettons pas du tout ce choix, qui nous a au contraire permis de démarrer dans de bonnes conditions et d’acquérir très rapidement de nouveaux clients.  

Nous avons choisi dès le départ d’internaliser le développement, car il s’agit du cœur de notre produit.

Une de vos autres ressources clés sont les développeurs, comment collaborez-vous avec ces profils très recherchés ? 

Nous avons choisi dès le départ d’internaliser le développement, car il s’agit du cœur de notre produit. La clé de voute de notre développement est Damien, notre CTO, qui pilote les recrutements. En 2023, nous cherchons à recruter 2 à 3 développeurs en Suisse. Notre réseau nous aide à trouver des profils, car effectivement le recrutement est très difficile. Nos atouts sont d’abord notre mission : notre vision de moderniser le management dans les entreprises plaît aux candidats. Notre manière de travailler efficace et professionnelle. Nous avons chacun plus de 10 ans d’expérience dans le développement et la gestion de produits. Il y a donc beaucoup à apprendre de notre manière de travailler pour un jeune développeur qui nous rejoint. Enfin, notre environnement de startup dynamique offre beaucoup d’opportunités et d’indépendance.   

Pour fonctionner, votre outil demande un grand engagement des collaborateurs. Comment les y inciter ? 

L’adoption de la solution est une priorité pour nous. Nous y répondons en poussant au maximum l’expérience de l’utilisateur : RogerHR est par exemple intégré dans le flux de travail quotidien, dans Microsoft Teams par exemple. Nous avons été stratégiques dans les outils proposés: utiles, ils suscitent l’envie, voire la nécessité, d’utiliser notre plateforme (par exemple pour consulter ses soldes de vacances). Par ailleurs, nous travaillons beaucoup avec nos clients pour aider leurs utilisateurs qui ont des questions, nous avons un centre d’aide avec des guides interactifs et un support très présent.  

Finalement, quelle a été l’étape la plus difficile ? 

La commercialisation, l’été dernier. Nous avons compris qu’en matière RH, les entreprises sont prêtes à innover sur l’aspect management, mais pas sur la partie administration. Elles veulent avoir la garantie que tout ce qui concerne les process routiniers (gestion du temps de travail) fonctionne sans aucune anicroche. Nous avons donc rapidement pivoté et changé quelques étapes dans notre roadmap pour renforcer notre solution sur le plan du management. Et dès septembre, la commercialisation a explosé ! Aujourd’hui, le challenge c’est de savoir où investir : dans la croissance, l’amélioration du produit ou de nouvelles fonctionnalités ? C’est parfois difficile de savoir où mettre le curseur. 

Romain Beker pitchant son entreprise devant le réseau de GENILEM

Vous bénéficiez de l’accompagnement de GENILEM. En quoi l’association vous aide-t-elle ? 

Sur le modèle d’affaires, pour lequel notre coach Cyril Déléaval nous a énormément challengé. GENILEM nous a aussi apporté un sacré réseau et une solide légitimité, nous avons dès le départ eu de belles références et de beaux noms, c’était clé. Enfin grâce à GENILEM, nous avons un challenge board (un conseil constitué d’experts qui apporte ses conseils plusieurs fois par an) qui nous aide beaucoup.  

Propos recueillis par Camille Andres