MakeMyMask, la dermatologie sans chimie
De plus en plus de personnes sont confrontées à des maladies du cuir chevelu, y compris des enfants, et de plus en plus tôt. MakeMyMask développe des solutions naturelles pour y faire face.
Comme beaucoup de femmes, Julie Pernet fait face à une chute de cheveux hormonale après sa grossesse en 2019. En pharmacie, les solutions proposées sont conventionnelles et parfois chimiques : compléments alimentaires, notamment. Cette docteure en pharmacie développe donc ses propres solutions naturelles : des cataplasmes thérapeutiques, à base de poudres de plantes, huiles végétales, huiles essentielles, pour stimuler la repousse. Et le résultat est au rendez-vous !
Julie Pernet se forme ensuite en santé capillaire (ou trichologie : la science du cuir chevelu). En 2019, elle fonde le Laboratoire DermoPilaire MakeMyMask pour proposer une alternative naturelle aux traitements conventionnels des pathologies du cuir chevelu : eczéma psoriasis, démangeaisons… Son objectif est aussi et surtout de proposer des solutions aux enfants et aux ados, chez qui ces irritations se développent de plus en plus. L’entrepreneure conçoit une gamme de soins à base de plantes.
Un premier produit est commercialisé en 2020, et en 2021, elle s’associe avec Camille Lacroix, directrice financière au sein d’une marque de capillaire internationalement reconnue. Si Julie Pernet a dix ans d’expérience dans les laboratoires de recherche pharmaceutiques, comme directrice commerciale & marketing, Camille possède un savoir-faire dans la structuration, la finance, les RH, l’administratif, les achats, les chaînes d’approvisionnements.
Leur complémentarité est payante : début 2022, MakeMyMask lève 75 000 francs auprès de son premier cercle (‘friends family and fools’) pour développer de premiers prototypes. Un an plus tard la première levée de fonds réunit 1 million de francs auprès d’une série de business angels français et suisses, en majorité. Dès lors la commercialisation s’accélère, et un réseau de distribution dans les pharmacies françaises et suisses se développe.
Aujourd’hui l’entreprise qui fabrique ses produits en France compte 5 salarié·es entre sa filiale suisse et française. 2024 est « l’année de la rentabilité » assurent les cofondatrices : l’objectif est de tripler le chiffre d’affaires de 2023, soit d’atteindre 3 millions de francs en 2024. MakeMyMask souhaite ensuite s’étendre en Europe : Belgique et Allemagne d’abord, puis le reste du continent. Avant de viser l’Asie ou les Etats-Unis, pays dont le marché est beaucoup plus mature en la matière, dans un horizon de trois ans.
Entretien avec Camille Lacroix.
Quelle est l’innovation majeure qu’apportent vos produits ?
Camille Lacroix : Nous sommes les seules à traiter les pathologies du cuir chevelu de manière 100% naturelle, cliniquement prouvée, et adaptée aux enfants et aux ados, chez qui les pathologies croissent de manière exponentielle. Démarrer avec des solutions conventionnelles à leur âge n’est pas recommandé et ouvre le risque d’avoir recours à ces solutions toute la vie.
Quel a été le défi le plus exigeant dans votre récente croissance ?
Comme pour toutes les entreprises, tenir le rythme et ne jamais perdre courage ou optimisme… Mais je crois que le plus dur a été de mener notre levée de fonds, en tant que femme. C’était un défi surhumain : le contexte était délétère, avec la guerre lancée contre l’Ukraine. Et nous avons fait face à beaucoup de commentaires désobligeants auxquels des hommes n’auraient jamais été confrontés. C’est la première fois que j’affrontais le sexisme dans le monde professionnel d’une manière aussi virulente. Par ailleurs, beaucoup de business angels féminines contactées ne nous ont pas répondu, la thématique de la sororité et de l’entente entre femmes reste pour nous une vraie question.
Qu’est-ce que l’aide de GENILEM a changé pour vous ?
Notre coach Cyril apporte beaucoup de structure et des opportunités de réseautage importantes en Suisse : nous avons pu initier des collaborations avec des marques, contacter des partenaires logistiques ou informatiques, rencontrer de futurs investisseurs…
La Suisse et la France sont des marchés voisins mais peu identiques dans leur fonctionnement : les habitudes sont différentes, nous ne mettons donc pas le focus sur le même produit. Disposer d’accès aux incubateurs et aides suisses est donc intéressant pour nous.
Quelle est la place de la durabilité dans votre projet ?
Aujourd’hui, toutes les entreprises qui se créent intègrent l’écoresponsabilité dans leur ADN. De la même manière, pour nous, ces aspects-là sont innés, ils ne font pas l’objet d’un questionnement. Nos bestsellers sont vendus dans du papier, pas du plastique, et nous privilégions les emballages monomatières comme le verre par exemple, et nous réfléchissons en permanence à de nouveaux matériaux (des emballages en sucre de canne sont à l’étude, par exemple). Nos packs sont fabriqués en Italie, nos fournisseurs sont français sauf pour quelques poudres de plantes thérapeutiques très spécifiques, qui n’existent aujourd’hui qu’en Inde.
Au lancement de la marque, les composants choisis étaient naturels. Nous nous sommes intéressées à la certification dans un second temps. Aujourd’hui tous nos produits sont bio (hormis deux poudres de plantes suite à des intempéries), et avons opté pour la certification Cosmos Organic et Natural par Ecocert.
Mais pour nous la certification n’est pas un argument de vente : nous insistons davantage sur l’efficacité clinique de nos produits, les tests en laboratoire sur une personne que nous réalisons. C’est l’argument d’efficacité qui nous permet réellement de nous démarquer sur le marché. La certification, par contre, permet de questionner nos process, de valider nos choix, nos liens avec nos fournisseurs, nos protocoles de gestion des stocks et d’inventaires, cette démarche apporte une réflexion profonde sur notre manière même de travailler.
Propos recueillis par Camille Andres.
Crédits photos : MakeMyMask