Que peut-on attendre de l’innovation en 2023 ?

En 2022, le conflit ukrainien a déstabilisé l’économie mais surtout donné un coup d’accélérateur à la transition énergétique. Bon nombre d’entreprises sont désormais engagées dans une forme de transformation durable. En 2023, l’objectif sera de s’assurer une réelle crédibilité dans ce domaine très jeune.
Notre association a rencontré plus de 400 porteuses et porteurs de projets cette année. Suite à notre processus de sélection, 14 ont intégré notre programme d’accompagnement sur 3 ans. Au total, 45 entreprises innovantes sont aujourd’hui accompagnées dans tous les secteurs (gestion de données personnelles, lessives bio, applications RH online, vélos électriques locaux, vêtements de sport suisses, géothermie souterraine…). Zoom sur les principales tendances de l’année, à partir de l’écosystème, toujours plus important, qui se construit autour de GENILEM.
Le boom de l’impact
Nous vous l’annoncions, 2022 a été l’année de la durabilité. 70% des projets que nous avons rencontrés cette année comptent parmi leurs objectifs au moins un impact social ou environnemental. 60% des entreprises accompagnées proposent des services, 40% des produits. La consommation locale et responsable en particulier constitue une tendance forte, aucun modèle ‘clé en main’ n’ayant encore émergé. Le snacking durable (boissons, alimentation) se développe également. Autre niche toujours plus significative, le luxe éco-responsable qui concerne des produits très technologiques (montres) aussi bien que les chaussures haut-de-gamme.
Si l’entrepreneuriat à impact a explosé, d’autres secteurs font toujours l’objet de nombreuses innovations, par exemple, la logistique, secteur complexe qui vit une révolution depuis la pandémie, avec des tentatives de réduction des coûts, l’arrivée de nouveaux acteurs, la recherche de solutions plus locales. Les innovations y sont toujours nombreuses.
Enfin l’éducation, le savoir et la transmission de connaissances sont révolutionnés par la digitalisation. De nouvelles manières d’enseigner, d’apprendre, de mémoriser se développent. Ici aussi, les effets de la pandémie et de la numérisation de l’école se font sentir.
Enfin, à noter, 60% des projets soutenus par GENILEM se développent en B to B : c’est souvent lorsqu’on est en entreprise, confrontés aux problématique réelles des entreprises que naissent des idées d’innovations. Par ailleurs, c’est dans ce segment qu’il est possible de réaliser rapidement du profit – à l’inverse, par exemple du e-commerce, en B to C, secteur fortement concurrentiel et où des mastodontes comme Amazon constituent un standard exigeant.
Le digital demande des compétences
25% des projets soutenus par GENILEM sont 100% digitaux, produit, services, modèle d’affaire. Mais aujourd’hui la digitalisation concerne tous les secteurs, chaque projet comporte une composante digitale, disposer d’une app ou d’un site d’e-commerce ne suffit ainsi plus à se différencier. Le développement du ‘no-code’ rend ces fonctionnalités accessibles à tous. L’enjeu reste l’intégration de la part digitale dans la chaîne de valeur d’un produit. L’expérience utilisateur, le confort, la simplicité, la dimension intuitive d’un outil digital sont ce qui permet aujourd’hui de se différencier, tout comme son intégration dans un écosystème physique. Toute entreprise doit désormais réussir son virage « phygital », qui permet de relier les deux mondes. C’est ce qu’a su faire Genius Loci, qui a gagné cette année notre concours Prêt ? Partez, Pitch ! . Aujourd’hui pour développer une activité dont le numérique est une composante essentielle, disposer d’une ou d’un responsable de projet formé et spécialisé dans le domaine devient déterminant.
Autre enjeu posé par le numérique : le recrutement. La guerre des talents et un marché du travail asséché rendent les compétences de développement toujours plus précieuses. La proximité avec son équipe technique s’avère aussi un atout, selon l’activité et la phase de développement de l’entreprise.
En 2023, le greenwashing ne passe plus
La durabilité reste une thématique naissante que tout le monde souhaite s’approprier. Cependant, le public est désormais averti : gare au label ‘durable’ autoproclamé s’il n’est pas suivi de faits solides. Le greenwashing est aujourd’hui très rapidement identifié -parfois abusivement, à force de bonnes intentions, et de déclarations rapides sur les réseaux sociaux- et peut très vite disqualifier une jeune entreprise.
La durabilité demande donc plus que jamais de savoir communiquer. Labels, chartes et certificats y contribuent. Mais dans un secteur toujours en train de se consolider, ce qui prime c’est encore et avant tout la transparence la plus sincère, et l’honnêteté.
Par ailleurs, la complexité de ce domaine demande beaucoup d’humilité, et la capacité de se former. Être durable c’est avant tout accepter de cheminer, se questionner, prendre du recul. Pour éviter les faux pas mais surtout prendre les bonnes décisions, s’entourer de compétences pointues est désormais décisif.
Pour conclure, les enjeux et challenges restent nombreux pour l’innovation et l’entrepreneuriat en 2023. Le premier d’entre eux étant de trouver du financement. La période s’avère en effet compliquée, pour les levées de fonds. Enfin la guerre des talents touche tous les secteurs. Pour y remédier, miser sur un management de qualité est déterminant. La dimension sociale de la durabilité ne doit en effet pas être sous-estimée. Son enjeu stratégique devient essentiel dans une époque marquée par le ‘quiet quitting’ et des transformations profondes du rapport au travail.
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