Portraits d'entrepreneurs

MapsArch, le GoogleMaps de la construction 

By: GENILEM | novembre 14, 2024 | 4 min de lecture
equipe mapsarch

Trouver un bâtiment, une méthode de construction ou un talent dans le domaine : c’est ce que permet cet outil, lancé en 2022 à Genève, pensé à la fois pour les pros et les particuliers et qui dépasse déjà les frontières. 

C’est un problème récurrent des architectes : trouver les adresses exactes de « pépites » de la construction, pour les voir de près. En 2021, de retour de voyage, Sokol Salihu, architecte genevois partage ce souci avec un ancien apprenti, Mathis Bisson, 17 ans à peine, déjà féru d’entrepreneuriat.  

Ni une ni deux, les deux s’associent, réunissent des fonds, démarrent MapsArch. Trois mois plus tard, l’application voit le jour, d’abord destinée au secteur du tourisme : les autrices et auteurs de projets (architectes, urbanistes, paysagistes, etc.) peuvent y référencer des bâtiments.  

Mais ses créateurs ont dès le départ l’ambition d’être « le Google de l’architecture ». 

Au contact des professionnel·les du domaine et de leurs besoins, les concepteurs précisent leur vision : cartographier l’architecture mondiale, disposer de suffisamment de contenu systématique (dans une ville ou pour une certaine typologie de construction) et permettre aux divers corps de métiers ayant contribué à un bâtiment de préciser leur intervention.  

En mai 2023, un événement de lancement officiel a lieu au Pavillon Sicli à Genève : cette rencontre physique marque une nouvelle étape. Au cours de l’année, le business model est clarifié, toute entreprise peut payer pour être membre, et voir figurer sur l’app son portefeuille de réalisations. Pour les entreprises de la construction, peu digitalisées, l’outil offre une vitrine de choix pour lister leurs interventions et collaborations (démolitions, travaux de gros œuvres, etc.). Le site atteint les 3’000 utilisateur·rices. La même année, avec la présentation de l’outil en Belgique, MapsArch comprend l’importance de s’appuyer sur des fédérations et des groupes professionnels pour grandir.  

Début 2024, l’entreprise s’installe dans ses propres locaux, un espace de coworking comptant d’autres professionnel·les du bâtiment à Meyrin, pour multiplier les idées, les connexions et les réseaux. MapsArch lève des fonds, environ 200’000 francs et améliore toujours son outil, qui offre trois possibilités : trouver des bâtiments inspirants pour les architectes, et des renseignements techniques, etc. Trouver des entreprises partenaires et visualiser directement leur portefeuille de référence. Et une possibilité encore embryonnaire : recruter les talents en architecture et construction, sur la base de leurs réalisations. 

L’abonnement annuel pour les professionnel·les, environ 500 francs selon les fonctionnalités ne permet pas encore à la jeune entreprise d’être rentable, mais sa croissance se poursuit à un rythme de plus en plus soutenu : plus de 10’000 bâtiments dans 50 pays sont désormais recensés sur MapsArch. Les forces commerciales ont été externalisées, le développement informatique géré par la société Kotoch Sàrl fondée par Sokol Salihu, autant d’éléments qui permettent de réduire les coûts. Au total, 15 personnes sont aujourd’hui impliquées dans le projet. Parmi les prochaines étapes pour l’outil : pouvoir être intégré sur d’autres outils et sites web. Entretien avec son cofondateur Mathis Bisson. 

Quelle innovation apporte MapsArch pour les professionnels ? 

Mathis Bisson : MapsArch se positionne comme un « Shopify » de la construction, offrant aux bureaux d’architectes une plateforme centralisée où valoriser leurs portfolios dans un espace conçu pour les échanges entre professionnels. De quoi gagner en visibilité auprès de partenaires et de clients potentiels. Bientôt, ils pourront même intégrer leur carte personnalisée, qui cartographie leurs projets, directement sur leur propre site internet. MapsArch facilite le référencement des interventions  pour les entreprises de construction, souvent sans site web ou avec un site obsolète :  elles peuvent lister chaque projet, son emplacement, et les services fournis. Elles disposeront également d’une fonctionnalité d’export PDF de leurs réalisations, idéale pour préparer des dossiers d’appels d’offres dans une présentation professionnelle soignée.

Enfin, MapsArch crée un véritable réseau de professionnels de la construction et de l’architecture, une communauté active que nous avons vue prendre forme dès notre premier événement en 2023 à Genève. 

Quel a été le défi principal  ? 

C’est le défi qu’on vit toujours aujourd’hui : le décalage constant entre le produit tech que nous avons dans les mains et le projet que nous avons déjà dans la tête. Ce n’est pas juste une frustration en matière de communication, mais le fait de ne jamais être satisfait parce qu’on ne peut pas déployer l’ensemble de l’outil, on n’est jamais à la bonne étape.

Et bien sûr, il y a un défi personnel, émotionnel : on ne développe pas un produit physique, mais un outil qui n’a pas de fin, qui peut être amélioré à l’infini, on gère toujours 100  sujets en parallèle. Je crois que le plus gros travail d’un entrepreneur, c’est d’apprendre à prioriser constamment, minimiser ses efforts pour maximiser son résultat, rentabiliser son temps. On a peu de moments pour s’arrêter et analyser. 

equipe mapsarch presentation

Quelle a été la valeur ajoutée de GENILEM dans ce parcours ? 

Honnêtement, nous ne nous sentions pas trop à notre place dans la communauté GENILEM : nous sommes une startup B2B dans la tech et dans la construction, GENILEM nous semble plus ancré dans d’autres secteurs, notamment dans des business physiques ou B2C. Mais le coaching de Pascal a cependant été précieux, il m’a énormément aidé à prioriser, mais aussi à fêter de premières réussites, et à me rendre compte de l’avancement de la boîte. J’avais quelqu’un à qui parler et rendre des comptes, sans bien sûr que ce soit contractuel, davantage comme un psychologue. 

Quelle place pour la durabilité dans votre projet ? 

Ce n’est pas la priorité du projet ni la raison pour laquelle MapsArch a été lancée. Par contre, nous observons une tendance forte sur le sujet. La construction est l’un des secteurs les plus émetteurs de CO2, MapsArch est un outil parmi d’autres pour sensibiliser un public plus large à ce sujet et aider les professionnels à s’améliorer. 

Propos recueillis par Camille Andres