Kegsman, du nettoyage des fûts de bière à leur gestion en ligne
En 2021, Kegsman apporte au marché romand des distributeurs de boissons une solution de gestion et de lavage innovante de leurs fûts. L’entreprise va plus loin en développant aujourd’hui un logiciel de suivi, adapté aux petites entreprises.
Entre 2000 et 2020, les microbrasseries ont connu un essor sans précédent en Suisse, passant de 80 à 1’200 établissements. Mais il manquait à ce monde brassicole la possibilité d’externaliser le lavage et la réparation ainsi que la flexibilité du stock d’un élément essentiel de leur chaîne de valeur : le fût inox.
C’est ce marché que Kegsman a capté et dynamisé. À l’origine, Simon Amigo et Vladimir Bless souhaitent lancer leur propre brasserie. Confrontés à la réalité de la gestion des fûts inox, ils sondent les brasseurs romands quant à l’utilité d’une solution innovante. Le retour est sans appel. C’est ainsi que le projet « brasserie » pivote vers Kegsman, société lancée en septembre 2021, avec des fonds 100 % familiaux et avec deux cofondateurs supplémentaires, Philippe et Stanislas Bless.
Elle répond aujourd’hui à la fois aux besoins des petites entreprises en leur proposant une solution de location annuelle, et flexible. Mais Kegsman peut aussi absorber les besoins temporaires d’acteurs plus conséquents. Par exemple fournir des quantités importantes de fûts sur une période ponctuelle, typiquement l’été.
En deux ans, son chiffre d’affaires est multiplié par trois, elle gère aujourd’hui un parc de 15’000 fûts, travaille avec 87 brasseries et salarie deux personnes à temps plein. En 2023, des prêts familiaux ont permis de financer le développement de l’entreprise, principalement l’achat de fûts. Son développement côté alémanique est en cours.
Mais cette startup aujourd’hui rentable, ne compte pas en rester là : à l’écoute de ses clients, Kegsman a développé une solution digitale de gestion des fûts, qui devrait s’exporter à l’international, courant 2024.
Explications avec le cofondateur et aujourd’hui responsable des finances de Kegsman, Stanislas Bless.
Vous avez apporté une solution dans la gestion physique des fûts, désormais vous développez un outil digital. Comment est née et se développe cette innovation ?
Stanislas Bless : À l’origine, cela est né de nos besoins. Il existe un problème de tracking dans le secteur brassicole. On estime qu’un fût ne revient que tous les trois mois, mais selon les types de boissons, cela diffère et reste opaque, peu prévisible, car beaucoup d’acteurs sont impliqués dans la chaîne. Or selon le volume de fûts concernés, cela représente une immobilisation de capital importante. Les solutions existent, mais ne sont pas satisfaisantes. Soit parce qu’elles sont très axées sur le suivi de la production de boisson et non des fûts. Soit parce qu’elles sont basées sur de la géolocalisation, donc très coûteuses et réservées aux très gros industriels, par exemple.
Nous avons donc développé, en dix mois, avec une société genevoise, notre propre système, basé sur le scannage unique d’un QR-Code propre à chaque fût. La solution se présente sous forme d’une application mobile et d’un logiciel web. Elle permet de suivre chaque fût, mais également de digitaliser toute la facturation et la comptabilité de manière individuelle de Kegsman. Le développement de l’outil s’est aussi et surtout fait en discussion avec l’un de nos clients, microbrasseur, dont nous avons découvert qu’il était aussi employé dans une société de développement informatique ! Il est devenu chef de projet pour cette solution.
Ce développement s’est donc fait grâce à une écoute et à une proximité avec votre marché ?
Oui ! Nous avons essayé de rendre notre app aussi ergonomique et pratique que possible afin d’inciter nos clients à l’utiliser et de l’améliorer en fonction de leurs retours. Suite à l’intérêt qu’ont manifesté nos clients pour cette solution digitale, nous avons décidé de développer une partie « client » avec des fonctionnalités propres à leur activité.
Dès fin 2023, nous proposerons des packages payants permettant aux clients d’utiliser cette solution pour gérer leur propre parc de fûts et obtenir la data de leur mouvement de stock et sur le suivi clientèle. L’outil est d’ores et déjà disponible en cinq langues, et pourrait être commercialisé à l’international, dès mi-2024. Il répond aux besoins des PME et des microbrasseries. D’ici cinq ans, cette solution pourrait représenter jusqu’à 50 % de notre chiffre d’affaires…
Quel est votre défi principal pour le moment ?
L’aspect logistique et l’augmentation de la capacité industrielle. Notamment la question de la livraison des fûts de nos clients. En Suisse romande, cela ne pose aucun souci, côté alémanique, lorsqu’il s’agit de les chercher après Berne c’est parfois plus complexe. Il faut optimiser les trajets pour réduire les coûts, en effet le prix de la logistique suisse est élevé. Nous cherchons donc activement un espace de stockage et de lavage côté alémanique.
Quelle forme prend la durabilité chez vous ?
D’abord, elle concerne la qualité des produits. Nos fûts en acier inoxydable sont produits en Espagne. Ils sont plus chers de 20 % que des produits chinois, mais nous avons fait ce choix pour avoir un SAV de proximité et aussi car la longévité des produits est plus importante, et nous misons sur la réparation et la maintenance.
D’une manière générale, pour nous, l’écologie c’est l’économie : moins on utilise de matière, mieux c’est pour tout le monde. Pour le nettoyage par exemple, nous réfléchissons à une solution optimisée qui permette de récupérer l’eau de rinçage, ce qui offrirait environ 30 % d’économies. En ce qui concerne l’énergie, nous avons déjà des panneaux solaires sur nos locaux, mais dès 2022 nous avons revu nos recettes de lavage pour en réduire la durée, tout en maintenant leur efficacité.
Enfin notre plus gros défi reste la logistique et le transport : ouvrir des locaux décentralisés (Valais, Jura, Berne…) réduira nos trajets. En attendant de trouver les localisations idéales, nous travaillons déjà sur l’optimisation des trajets (tarification, regroupement des clients, etc).
Quelle utilité du coaching, pour une équipe déjà solide sur l’aspect financier ?
GENILEM, c’est d’abord un réseau solide, qui nous apporte visibilité et crédibilité. À notre naissance, le service que nous offrions n’existait pas en Suisse, remporter l’accompagnement GENILEM nous a permis de nous faire connaître, de rencontrer d’autres entrepreneurs, de développer notre réseau.
Sur le coaching en lui-même, c’est vrai que nous avions déjà beaucoup travaillé l’aspect du suivi financier et du business plan, nous n’avions pas de besoins à ce niveau. Par contre nous avions envie de faire beaucoup de choses, avec le risque de s’éparpiller. Notre coach nous a permis de nous concentrer sur notre activité, de planifier notre stratégie de développement. Enfin sur l’aspect communication, j’ai beau avoir eu des cours théoriques sur le sujet, être coaché permet de mieux comprendre quel contenu proposer, sur quel canal à destination de quel public…
Propos recueillis par Camille Andres