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Définir son succès… pour avoir une chance d’y arriver 

By: Cyril Déléaval | avril 10, 2025 | 6 min de lecture
Définir son succes

Quand je demande à une entrepreneuse ou un entrepreneur que nous accompagnons chez GENILEM ce qu’il ou elle veut vraiment construire, souvent, il y a un silence. Pas parce qu’il ou elle manque d’ambition. Mais parce que l’ambition est floue. 

Ce flou peut coûter cher. 

J’en vois trop qui bossent dur, avec sincérité… mais sans vision claire. Et cela les épuise. 

Ils me disent : 

“Je dois encore valider mon marché…” 
“Je veux lever des fonds, mais je ne sais pas encore combien ni pourquoi…” 
“Je veux grossir, mais je ne sais pas avec qui…” 

Et au final, ils avancent, bien sûr. Mais, ils avancent sans cap. 

C’est comme vouloir faire l’ascension d’un sommet sans savoir lequel. Vous vous sentez prêt pour grimper, pour transpirer, pour avancer, mais si vous ne connaissez pas votre destination, chaque pas peut aussi bien vous éloigner de votre sommet. 

Et j’aime bien cette comparaison entre l’entrepreneuriat et l’alpinisme ; car ce n’est pas la fatigue qui fait abandonner, c’est le manque de clarté. 

Alors voici ma conviction, après près de 8 ans en tant que coach au sein de l’association GENILEM : 

Une entrepreneuse ou un entrepreneur qui ne définit pas son propre succès n’a presque aucune chance de l’atteindre. 

Et une entrepreneuse ou un entrepreneur qui connaît son sommet, même de loin, peut s’y rendre. Pour ça, il suffit de faire un pas après l’autre. 

Et dans l’entrepreneuriat, un pas n’est rien d’autre qu’un passage à l’action sous forme de test, d’itération. Ce sont celles et ceux qui font le plus de tests qui ont le plus de chance de trouver/comprendre ce qui marche versus ce qui ne marche pas. Que ce soit en termes de fonctionnalités pour des utilisatrices ou des utilisateurs (si on parle de la désirabilité d’un projet) ou de chiffres (si on parle viabilité économique). 

Fixer SON sommet : l’exercice du journal à 5 ans 

Il y a une chose que je demande très tôt aux entrepreneuses et entrepreneurs que j’accompagne : c’est de faire l’exercice du journal.  

C’est très simple. Projette-toi dans 5 ans. 

Pas de pitch. Pas d’investisseurs. Pas de slides. 

Juste toi. Ton entreprise. Et un journaliste qui écrit un article sur ton projet. 

Je lui pose alors une série de questions simples : 

  • Quel est le titre de l’article ? (Celui qui résume ton succès) 
  • Quel est ton chiffre d’affaires ? 
  • Quelle est ta zone de chalandise ? (Tu travailles localement ? Tu exportes dans le monde entier ?) 
  • Qui sont tes clients ? (+ nomme tes 2 clients rêvés !) 
  • Quels sont tes produits ou services phares ? 
  • À quoi ressemble ton équipe ? (Et très important !) quelle est ta place dedans ? 
  • Pourquoi tes collaboratrices et collaborateurs sont-ils fiers de bosser avec toi ? 
  • Quels ont été les deux plus gros obstacles que tu as surmontés ? 
  • Et quels sont tes deux prochains défis pour les 5 prochaines années ? 

C’est un exercice que je recommande à tout le monde. Car il donne un cadre clair à l’ambition, et surtout : il la rend vivante et tangible. 

The one thing ” : trouver la prochaine prise 

C’est là que j’introduis un concept fondamental dans mes coachings :  The one thing  , inspiré du livre de Gary Keller

“Quelle est la seule chose que je peux faire, telle que, en la faisant, tout le reste devient plus facile… ou inutile ?  

Quand on a un sommet (une vision), on peut se concentrer sur la bonne prise à saisir maintenant. 
La prochaine étape. Celle qui débloque tout le reste. 

Pas besoin de tout planifier. Pas besoin de tout savoir. 

Il ne faut pas viser plus vite. Il faut viser juste. 

Beaucoup rêvent d’aller plus vite. Mais oublient que celles et ceux qui réussissent vraiment sont celles et ceux qui tiennent dans la durée. 

Le youtubeur Inoxtag s’est entraîné un an pour grimper l’Everest. 
Il ne connaissait rien à l’alpinisme. Il a appris. Il a progressé. Il a souffert. Mais il a gravi le sommet. Pas grâce à un raccourci. Mais grâce à un plan. Une équipe. Une vision. 

L’entrepreneuriat, c’est pareil. 

Le rôle du coach GENILEM : cadrer l’effort, pas juger 

Le ou la coach en développement d’entreprise n’est pas là pour te dire ce que tu dois faire. Il·elle est là pour t’aider à voir ce que tu ne vois plus. À structurer ta progression. Et à poser les bonnes questions au bon moment. 

Chez GENILEM, on suit chaque mois les progrès d’une entreprise sur 6 axes essentiels

1. Vente 
2. Clients & prospection 
3. Roadmap produit / service 
4. Cash 
5. RH & équipe 
6. Durabilité 

Ce suivi régulier permet de détecter le goulot d’étranglement, ce fameux bottleneck

Et surtout, de se poser LA question du mois : 

“Quelle est ta prochaine prise ?” 
“Quelle est THE ONE THING maintenant ?” 

Un jour sans progrès, c’est une journée d’attente. 
Un jour avec un petit pas dans la bonne direction, c’est un pas vers le sommet. 

Julie et Paul : deux histoires vraies 

Je vais vous parler de deux personnes que j’ai eu la chance de rencontrer ces dernières années chez GENILEM. Les histoires sont vraies, mais j’ai changé les prénoms et adapté un peu les industries afin de respecter mon devoir de “secret de fonction”. 

Julie a longtemps travaillé comme assistante sociale dans une administration. 
Elle adorait le contact humain, l’utilité de son métier… mais elle rêvait de créer un projet à elle, avec plus d’autonomie et d’impacts concrets. 

Alors elle a sauté le pas. Elle a quitté son poste, lancé sa boîte dans l’alimentation durable, et a commencé à avancer… avec une sacrée dose de courage et pas mal d’incertitudes. 

Quand on s’est rencontré, elle me disait souvent : “Je veux faire qqch de bien. Je veux que mon entreprise ait du sens. Mais je ne sais pas exactement où je veux aller.” 

On a fait ensemble l’exercice du journal dans 5 ans. Et là, tout s’est clarifié :  

Le titre ? Julie, ex-assistante sociale, bâtit un écosystème alimentaire local qui emploie et nourrit autrement. 
J’ai quitté mon poste de fonctionnaire. Je travaille avec trois personnes à temps partiel, mais surtout avec un réseau de partenaires et de sous-traitants qui partagent mes valeurs. 
Mon chiffre d’affaires me permet de vivre. On vend en circuit court. Je connais mes clients, et eux me connaissent. 
Je ne suis plus dans un rôle d’aide. Je suis dans un rôle de construction. 

Depuis, Julie n’a pas tout résolu. Mais elle sait où elle va. Et elle fait des choix cohérents : sur ses offres, ses clients, ses partenaires. 

Elle a troqué la sécurité contre la liberté. Mais maintenant, chaque pas qu’elle fait a du sens. 

Autre histoire, celle de Paul et de ses associés. 
Paul est développeur, cofondateur d’un SaaS B2B avec deux associés, dont un rencontré à l’EPFL. 
 
Dès le départ, ils sont repérés dans un incubateur tech : “VC compatible”, comme on dit. Des investisseurs leur ouvrent la porte, les poussent à voir grand, très grand, à viser le marché mondial, à scaler vite pour justifier une future série A. 

Ils font une première levée de fonds. Et très vite, la pression monte : Il faut croître vite, recruter, communiquer, faire des dashboards pour les investisseurs, revoir le pricing, ouvrir de nouveaux marchés… 

Mais plus ils accélèrent, moins ils se reconnaissent dans les décisions qu’ils prennent. Et surtout, moins le produit répond aux vrais besoins des clients. 

Paul m’a dit un jour : 

“On faisait tout pour avoir une belle courbe. Mais on oubliait pourquoi on avait lancé la boîte. On avait l’impression de piloter une voiture de course… sans savoir où on allait.” 

Au bout d’un an, ils ont freiné net. Ils ont décidé, ensemble, de sortir de cette logique de course au financement. 

Ils ont arrêté les levées de fonds. 
Ils ont recentré leur offre. 
Ils ont choisi des clients qu’ils comprennent, dans des secteurs qu’ils aiment. 

Aujourd’hui, leur SaaS tourne avec des clients dans toute l’Europe francophone, une base solide, une croissance maîtrisée. Ils sont rentables. Autonomes. Alignés.  

Ils avancent moins vite, c’est vrai. Mais ils avancent à leur rythme, avec leurs valeurs, dans une direction qu’ils ont choisie. 

Fixe ton sommet. Fais un pas. 

Alors je te repose la question : Qu’est-ce que réussir veut dire pour toi ? 

Pas ce qu’on attend de toi. Pas ce que tu vois sur LinkedIn. Ce que TOI, tu veux. 

Décris-le. Écris-le. Assume-le. 

Puis avance. 

Un pas. Puis un autre. Et un jour, ce journaliste écrira l’article que tu as imaginé. 

Et tu pourras dire : J’ai construit ce que je voulais. Et je suis fier·e de moi.

À celles et ceux qui se sont déjà lancé·es 

Tu es déjà en route. Tu as déjà pris des risques, fait des choix, essuyé des doutes. 

Peut-être que tu avances vite. Peut-être que tu tournes un peu en rond. Peut-être même que tu t’es éloigné·e de ce qui t’avait fait démarrer. 

C’est normal. C’est le jeu. Mais ce n’est pas une fatalité. 

Tu as le droit de réajuster ton cap. 
Tu as le droit de redéfinir ton sommet. 
Tu as surtout le pouvoir de revenir à l’essentiel : ce que TU veux construire. 

Il n’est jamais trop tard pour marcher dans la bonne direction. 
Il suffit de s’arrêter, lever les yeux, et faire un nouveau pas. 

À celles et ceux qui hésitent à entreprendre 

Ce n’est pas un chemin facile. 
Il n’y a pas de raccourci. 
Mais il y a une joie profonde à gravir son propre sommet. 

Et tout commence avec une question simple : 

Où est-ce que tu veux aller ? 

Pour y répondre, commence tout simplement par rédiger ton article de journal “dans 5 ans” ! 😉 

Cyril Déléaval, Coach chez GENILEM 


A propos de GENILEM

Fondée en 1995, GENILEM est une association à but non lucratif dont la mission est d’aider les entrepreneuses et entrepreneurs des cantons de Vaud et Genève à créer des entreprises innovantes et viables.  

Pour augmenter les chances de succès des jeunes et futures entreprises, elle offre différents services qui vont du diagnostic de projet, permettant d’échanger sur son idée de business et de définir les prochaines étapes à accomplir, à un programme d’accompagnement stratégique et opérationnel sur 3 ans dont l’objectif est de consolider et accélérer le développement de l’entreprise.