Jeune pousse : quand et comment parler de durabilité ?
Vous venez de lancer votre entreprise. Il vous faut développer votre prototype. Tester votre marché. Trouver des fonds. Recruter les personnes clés. Dans ce marathon, l’impact écologique et social n’est pas, à première vue, votre priorité. Erreur : le négliger vous freinera ensuite. Alors, comment l’intégrer dès la naissance de votre projet ?
Faire d’abord, parler ensuite
C’est évident, à moins d’être une cleantech ou de capter du CO2 par mégatonnes, si vous êtes une entreprise qui vient de se lancer, votre impact sur la crise écologique est encore minime. C’est normal, et cela n’empêche pas de se fixer des principes et des critères pour guider votre développement futur. Par contre, prenez le temps de les mettre en place et de les tester, avant de communiquer largement sur le sujet. Mieux vaut vous mettre en avant lorsque votre impact positif sera significatif.
La durabilité, c’est plus que le climat !
Oui l’urgence absolue, d’un point de vue planétaire, consiste à réduire nos émissions de CO2. Mais la définition de la durabilité selon l’ONU, ce sont 17 objectifs, qui incluent aussi bien l’éducation, que l’accès à l’eau ou la santé mentale : le bien-être, l’égalité, l’apprentissage tout au long de la vie participent aussi à une société plus apaisée ! Former vos équipes, prendre soin de votre main-d’œuvre est tout aussi vital que vos économies de carburant. La durabilité, c’est 3 éléments : l’économie, l’écologie et le social.
Un avantage stratégique
Appliquer des principes sociaux ou environnementaux en entreprise peut, à première vue, apparaître comme une contrainte. Il faut comprendre ses principes, choisir lesquels sont pertinents pour vous, vos équipes, vos partenaires et votre marché. Les mettre en œuvre avec les aléas qu’ils impliquent. Cela demande effectivement du temps.
Par contre, sachez que les Etats, comme les grandes entreprises sont tenus de les respecter. Et ce, chaque année davantage, sous la pression de l’opinion publique comme des législations toujours plus élaborées en matière sociale et environnementale. Alors pourquoi ne pas vous y mettre ? Autant prendre les devants que de devoir tout changer le jour où vous postulerez pour un marché public. Une étape par laquelle passe un grand nombre d’entreprises, à un stade ou à un autre de leur développement…
Une culture plutôt qu’une stratégie
Oui mais si je pivote, que faire de ma stratégie de durabilité ? A priori, pas de souci à vous faire : la durabilité est une culture. Elle n’est pas un but à atteindre en soi, mais un outil qui va vous aider à faire de meilleurs choix sur le long terme. Par exemple en privilégiant des fournisseurs locaux (par rapport à leurs équivalents moins chers sur un autre continent), vous vous protégez contre des crises sanitaires ou géopolitiques futures. La durabilité est donc un atout valable sur plusieurs plans. Elle ne demande pas des choix radicaux ou idéologiques, mais une culture à acquérir de la part de la direction de l’entreprise, qui lui permet de reconsidérer chaque choix. Par définition, une culture se sédimente et s’affine sur le long terme, c’est un bagage à construire, pas un savoir à plaquer du jour au lendemain. Donc mieux vaut commencer tôt !
Une opportunité de liens
Evidemment, si vous êtes plongés dans votre R&D, l’amélioration de votre produit et en train de lever des fonds, votre priorité est de croître, et vous n’avez pas la tête à chercher tous les outils ou modèles de durabilité. Des organismes comme GENILEM existent et peuvent vous éclairer à ce sujet. Leur regard externe va vous aider à identifier très vite des points où des dimensions écologiques et/ou sociales peuvent être intégrées: un règlement du personnel inclusif, un approvisionnement en électricité plus vert, des incitations à la mobilité douce, etc. Souvent, les ajustements sont minimes, mais sur le long terme se transforment en avantages compétitifs. Avec l’augmentation des coûts de l’énergie, se doter de sa propre centrale de production d’électricité peut devenir très rentable, par exemple.
Le plus tôt est toujours le mieux
En règle générale, plus un projet grandit, plus ses équipes sont nombreuses et éloignées de l’équipe fondatrice. Par conséquent, ses valeurs et sa culture se transmettent davantage par des règlements, des normes internes, bref, de l’abstrait.
Et plus une entreprise est grande, plus il devient compliqué de changer sa culture.
Aussi, mieux vaut dès le départ définir les valeurs centrales autour desquelles l’entreprise se développera, dont la durabilité. Cela contribuera à faire des choix peut-être modestes au départ, mais significatifs ensuite. Et / ou, au minimum, à interroger les choix effectués. Et donc à instaurer une culture de la durabilité.
Des coûts à expliquer
La durabilité implique parfois – pas toujours – des surcoûts. Est-ce acceptable pour des actionnaires ? Il faut pouvoir l’argumenter, c’est certain. Parmi les éléments à mettre en avant : une culture du respect de l’environnement et des humains attire certains profils et permet de recruter des personnes a priori sensibles à ce discours – et qui vont donc y contribuer. Augmenter les valeurs partagées dans l’entreprise est crucial pour la cohésion interne. Cette cohérence et cet alignement sont précieux aussi pour l’intégration de la start-up dans le tissu économique local, utile pour son développement (voir cette note précédente sur l’importance de cultiver un ancrage local).
Un jeu à somme gagnante
Plus on intègre la durabilité dans une culture d’entreprise, plus les impacts environnementaux, sociaux, économiques sont importants. C’est le propre de la durabilité : elle provoque des cercles vertueux, des effets collatéraux positifs. A tel point qu’elle devient, avec le temps, plus rentable que des principes économiques classiques. Une fois acquise pour de bon, la prime aux choix écologiques et sociaux se transforme en culture puis en une véritable identité de marque. C’est là qu’il devient pertinent de communiquer sur le sujet.